samedi 1 novembre 2014

Tomi Ungerer / Peut-on penser quand on est mort / Question d'enfants





Tomi Ungerer
Questions d'enfants

Peut-on penser quand on est mort ?


Manon, 6 ans
À cette question, personne à ma connaissance ne pourrait répondre. Lorsque notre âme quitte sa dépouille terrestre, emmène-t-elle dans ses bagages sa conscience, ses souvenirs et le savoir qui s’est accumulé pendant toute une vie ? Il n’y a que la mort qui ait réponse à tout ; pour cela, il nous faut exercer un peu notre patience. Qui mourra verra.
En attendant, rien ne nous empêche de penser à la mort et à tout ce qui touche à la vie. Autant en profiter pour penser autant que possible de notre vivant ! C’est la plus passionnante faculté qui ait été accordée aux humanoïdes.
La conscience est la tige de la pensée, l’imagination donne ses couleurs aux pétales.
Ma chanson préférée est allemande, et elle a ce refrain : « Die Gedanken sind frei », « les pensées sont libres » ! Personne ne peut les deviner ni s’en emparer.
Lorsque, dans mon enfance, j’allais à l’école, alors que l’Alsace avait été annexée par les nazis, on nous disait : « Ne pensez pas ! Le Führer pense pour vous ! » D’autres vous diront que Dieu enregistre vos moindres réflexions. Mais ce n’est pas vrai, votre pensée vous appartient et vous distingue des autres. C’est un grand privilège. Si la pensée devait nous accompagner dans l’au-delà, nous resterions indépendants pour l’éternité.

Qui a construit le ciel ?

Tristan, 4 ans

Le ciel n’est ni un couvercle, ni un plafond, ni même un dôme. C’est un espace sans frontières, qui s’étend jusqu’à l’infini. Il est donc inconcevable de l’imaginer avec une charpente, des étais et des piliers. Nos ancêtres les Gaulois avaient peur qu’il vole en éclats comme une grande plaque de verre. Le ciel n’a pas été édifié comme un bâtiment, mais plutôt conçu pour y aménager des astres et des météores qui « gyrovaguent » sans se poser de questions.

Pourquoi l’eau coule ?

Sean, 6 ans

Parce qu’elle est fluide. Elle tombe en gouttes de pluie ou en larmes, pour former des flaques et suivre ensuite son cours avec assiduité. Elle se laisse aussi aller dans le calme d’un lac où elle devient dormante. Lorsqu’elle atteint la mer, elle rejoint une communauté salée de vagues et de marées. C’est moins rigolo lorsqu’elle est absorbée par la terre pour former des nappes phréatiques, ce qui ressemble à une forme de captivité.
À l’air, elle s’évapore pour se refaire une santé. Mais l’eau est fragile, facilement polluée ; elle peut aussi devenir un bouillon de culture qui héberge des maladies. Elle ne coule donc pas toujours des jours heureux !

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