vendredi 16 septembre 2016

En Norvège, l’amour c’est vraiment bestial


En Norvège, l’amour c’est vraiment bestial


Après “L’amour est dans le pré”, qui fait les beaux jours de M6, la Norvège invente un nouveau concept pour former des couples. Nez sensible s’abstenir.
Récapitulons les épisodes précédents : depuis un an ou deux, les producteurs télé du monde entier ont pété un câble et cherchent désespérément à coller aux nouveaux modes de drague des cibles jeunes qui se résument en deux mots anglais, match et swipe, et une application, Tinder. Match : c’est la croyance selon laquelle la science peut nous pré-assembler en fonction de nos profils déclarés. Swipe : c’est le comportement qui consiste à juger un célibataire en un clin d’œil et un coup d’index sur son smartphone. La love story des jeunes avec le petit écran étant fatiguée, les producteurs font des pieds et des mains pour les reconquérir. Résultat : des programmes où l’on a vu successivement des célibataires se marier, se mettre tout nus, s’embrasser — sans se connaître ni d’Eve ni d’Adam, ni se parler.
Et voilà qu’en cette rentrée nous vient de Norvège un vent d’air frais dans le dating — quoique imprégné d’odeurs corporelles. C’est déjà en Norvège qu’avait explosé, il y a dix ans, ce qui est devenu depuis le succès indépassable à ce jour du genre, L’amour est dans le pré, et il sentait déjà bon la nature et le purin. La chaîne publique NRK1 vient de lancer un programme qu’on peut traduire par « Quand la chimie est bonne », rebaptisé Attraction animale pour le marché international. Comme souvent lorsque les producteurs ont peur de pousser le bouchon un peu loin en abordant un divertissement insensé au premier degré, l’émission est présentée comme une « expérience scientifique » (toujours ce mythe de la science qui fait le match) : le prétexte étant ici de savoir si l’on peut se fier à la nature pour trouver un partenaire. Maren, notre cobaye, une célibataire d’une trentaine d’années, doit choisir entre sept hommes à partir de tests biologiques inspirés du monde animal ou de la recherche sur les humains. Concrètement, au fil des semaines, et c’est là que le spectacle commence, elle sélectionne sur l’odeur, le son, le goût, l’apparence, le statut et le langage corporel. 
La première expérience serait inspirée du comportement de reproduction des tigres. On apprend que, lorsqu’elles sont en chaleur, les tigresses laissent des traces d’urine pour attirer les mâles. Et si jamais l’homme était proche du tigre ? Testons. On demande aux sept prétendants mâles d’uriner dans un bocal. L’urine regorge d’informations, paraît-il : « Autant qu’un profil sur un site de rencontres », assure l’animateur pour donner à Maren du cœur à l’ouvrage. Eh bien non, elle ne boit pas cul sec l’urine des prétendants : elle doit juste la humer comme un œnologue du bon vin. C’est de l’urine du matin, l’odeur est passée, assure l’animateur qui s’y connaît. La célibataire renifle de la plus claire à la plus foncée, qu’elle trouve un peu aigre et acide. Le prétendant est recalé. 
Attraction animale sur NRK1 en Norvège - Le test de l'urine
Deuxième expérience : la célibataire a les yeux bandés et doit coller son nez sur le corps de chacun des prétendants torses nus. Le premier, Jon, fleure bon, frais, un peu sucré avec une pointe d’agrume… Aisselles, élastique du caleçon… la célibataire fond : « On ne croirait pas que tu n’es pas douché depuis plusieurs jours. »  C’est beau l’amour. Ou plutôt l’attraction.
Attraction animale sur NRK1 en Norvège - Le test de l'odeur
La semaine suivante, après le tigre, c’est le lion : les prétendants doivent rugir pour séduire. Chaque semaine, le candidat le moins bien noté quitte l’aventure. Et après sept semaines à l’avenant, le verdict tombe : la célibataire doit choisir entre son cœur et leurs odeurs, entre l’homme qui lui correspond le plus scientifiquement et celui pour lequel elle éprouve des sentiments. Les avancées de la science n’interdisent donc pas la liberté de conscience.





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