jeudi 15 septembre 2016

Qui se souvient de Patricia Neal ?


Patricia Neal
Chicago, 1949

Qui se souvient de Patricia Neal ?

Aurélien Ferenczi
Publié le 18/08/2010





L'actrice américaine, oscarisée pour Le Plus sauvage d'entre tous (avec Paul Newman) est morte il y a une dizaine de jours à 84 ans. Je l'avais (un peu) redécouverte en revoyant Le Jour où la Terre s'arrêta (le premier) : c'est elle qui y prononce les mots magiques en latin censés apaiser le robot extra-terrestre, mais elle en profite aussi pour hurler de terreur, comme on l'exigeait alors des héroïnes de science-fiction. Elle s'en acquittait très honorablement. Je lui avais trouvé des faux airs de Catherine Mouchet. En plus femme fatale, quand même : voyez, dans l'extrait ci-dessous, tiré du Rebelle, de Vidor, ses rapports SM avec Gary Cooper : et que je te cravache, et que je te jette par terre. Les sentiments étaient « bigger than life » (la mienne, en tout cas), dans ces années-là.
Patricia Neal avait 23 ans, une blondeur un peu pincée, et le film, le deuxième de sa jeune carrière, lui valut quelques galères : une liaison avec le quasi-quinqua Gary Cooper, qui finalement, après l'avoir mise enceinte, retourna auprès de sa femme (elle ne garda pas l'enfant), et, à cause de l'échec légendaire du film, un premier contrat chez Warner qui s'effilocha. A 27 ans, Patricia Neal dut quasiment recommencer une carrière via le théâtre, jouant notammentLes Innocentes, de Lilian Hellman, et Soudain l'été dernier. 
Ce premier come-back la mena jusqu'a à l'Oscar, mais elle joua aussi, les cinéphiles s'en souviennent peut-être, dans La Route du tabac, de Curtiz, Un homme dans la foule, de Kazan et même Diamants sur cana, d'Edwards. Il se trouve que c'est hors-écran que Patricia Neal fut célèbre, par une suite de drames personnels dont elle triompha partiellement. C'est chez Lilian Hellman qu'elle rencontre son futur mari, le romancier Roald Dahl (Charlie et la chocolaterie, etc.). Leur couple est  entraîné dans une série de tragédies (partiellement  racontées par l'écrivain ici) : encore bébé, leur premier fils (ils avaient déjà deux filles) est victime en plein New York d'un accident de landau, projeté par un taxi contre l'arrière d'un bus. La tête est sévèrement touchée : une série d'opération sauve l'enfant, qui ne peut revivre une vie à peu près normale qu'après que Dahl, avec l'aide d'un marchand de jouets, eut conçu et fabriqué un drain spécial pour retirer le liquide appuyant sur sur son cerveau.
Dahl, anti-new yorkais convaincu, suggère d'aller habiter dans la campagne anglaise : c'est là que meurt leur deuxième fille, d'une encéphalite qu'on eût sans doute traité plus vite à la ville. Remords, culpabilité, etc. Et puis, à 39 ans, Patricia Neal est frappée par une suite d'attaques cérébrales, qui la laisse paralysée et aphasique. Passionné de médecine, Dahl entreprend alors, pendant trois ans, une rééducation extrêmement autoritaire, qui permettra à Neal de retrouver quasiment l'intégralité de ses moyens, et de reprendre son métier de comédienne. On la vit, notamment, en 1999 dans Cookie's fortune, de Robert Altman. L'histoire de Patricia Neal et de son mari qu'elle appelait « Roald the Bastard » ou « Roald the Rotten », à cause de ce qu'il lui avait fait endurer pour son bien, fut racontée en 1981, dans un téléfilm interprété, excusez du peu, par Glenda Jackson et Dirk Bogarde. Une VHS, quelqu'un ?





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