dimanche 16 juillet 2017

Chloë Sevigny /: "Quand les femmes sont exigeantes, on les étiquette comme hystériques"


Chloë Sevigny : "Quand les femmes sont exigeantes, on les étiquette comme hystériques"

Par Arièle Bonte | Le 18 mai 2016


L'actrice américaine Chloë Sevigny est venue présenter Kitty, son premier court métrage à Cannes. L'occasion d'évoquer, dans un "talk" Women In Motion, le passage de devant à derrière la caméra. 




Chloë Sevigny n'a rien d'une débutante. Repérée dans les rues de New York alors qu'elle est encore adolescente, elle commence à poser dans des magazines avant de faire son entrée dans le monde du cinéma indépendant, en 1995, avec le rôle de Jennie dans le sulfureux Kids, réalisé par Larry Clark et écrit par Harmony Korine. Une sombre histoire d'adolescents new-yorkais dont le quotidien est rythmé par le skate, la drogue et le sexe sous fond d'apparition du SIDA. 
Depuis ce film, sorti l'année de ses 20 ans, Chloë Sevigny s'est imposée comme une valeur sûre du cinéma indépendant américain. Elle a par exemple joué dans Boys Don't Cry de Kimberbly Peirce en 1999, American Psycho de Mary Harron (2000) ou encore Manderlay de Lars von Trier (2005). Après vingt ans de carrière devant la caméra, Chloë Sevigny s'essaie pour la première fois, à 41 ans, à la réalisation avec Kitty, un court métrage projeté en clôture de la Semaine de la Critique durant la 69ème édition du Festival de Cannes. L'histoire d'une petite fille d'environ sept ans, qui se tranforme en chat.


Un premier pas pour raconter des histoires de femmes

Pour l'occasion, Chloë Sevigny était invitée par Kering pour un "talk" Women In Motion, en compagnie d'Amy Emmerich, en charge des productions audiovisuelles du site Refinery 29Le site américain a lancé une série de douze vidéos, des premiers courts métrages, tous dirigés par des femmes : de Chloë Sevigny donc, à Kristen Stewart, en passant par America Ferrera. « Je suis passée assez tard à la réalisation car j'avais trop d'insécurités », explique la jeune réalisatrice. Pourtant, dès ses débuts au cinéma et à la télévision, la jeune Chloë observe le travail des réalisateurs avec lesquels elle tourne, se disant qu'elle aussi, elle aimerait faire ce travail.  


« Beaucoup de femmes souhaitent raconter des histoires, je pense qu'il est très important de pouvoir les voir et les entendre », souligne Amy Emmerich dont le site encourage et soutient les premières créations cinématographiques d'actrices. Pour Chloë Sevigny, Kitty est l'accomplissement d'un rêve.  « Je suis très fière de le présenter à Cannes », confie-t-elle lors de ce "talk". « C'est un premier pas pour réaliser et écrire des histoires de femmes qui n'ont pas besoin de trouver un homme pour réussir leur vie », ajoute-t-elle. 
Les deux invitées de Kering sont formelles :Hollywood doit sortir des clichés où les personnages féminins sont inactifs. Cette industrie doit aussi changer la perception des femmes sur les plateaux de tournage. Chloë Sevigny témoigne : « Quand les femmes sont passionnées ou exigeantes, on les étiquette comme des hystériques. Elles ont ensuite du mal à retrouver du travail. Alors que pour un homme, on ne tiendra jamais ce genre de discours ». 


Les coulisses (sexistes) des castings

Pour faire changer les choses, les langues doivent se délier, à l'image de Jennifer Lawrence ou Lena Dunham, deux actrices d'une nouvelle génération plus forte et engagée, qui ont osé parler publiquement des inégalités de salaires, expliquent Chloë et Amy.


Pour Chloë Sevigny, si ce discours arrive si tard, c'est une question de politique. « On évolue dans une culture où personne n'ose rien dire. On préfère s'exprimer sans faire de vague parce qu'on ne veut vexer personne. On ne sait jamais avec qui on va collaborer dans le futur. On veut continuer à trouver du travail », explique l'actrice et réalisatrice. Cette dernière ajoute qu'elle pense ne pas avoir été beaucoup victime de sexisme durant sa carrière. 
« Sauf pendant des castings, ce qui est vraiment un cliché ! », ajoute-t-elle avant de raconter qu'en effet, il lui est arrivé de se rendre plusieurs fois à des auditions pour des films à gros budget, financés par des studios et dirigés par d'importants réalisateurs : « Je portais une tenue sexy parce que le personnage était décrit ainsi. Ensuite, on te dit que tu devrais plus montrer ton corps, et que tu devrais aussi apparaître nue à l'écran... », se souvient l'actrice. « J'ai également eu ce genre de conversations où l'on te demande ce que tu fais après l'audition, si tu as envie d'aller faire du shopping... Là, c'est une limite à ne pas franchir », explique Chloë Sevigny, reine du cinéma indépendant. Après ces quelques explications, on comprend pourquoi elle se fait rare dans les longs métrages produits par les studios.



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