mercredi 20 décembre 2017

Moscou, Jardin Botanique / Un chaud dimanche d’été


oscou, Jardin Botanique, ph Simonetta Sandri

Moscou, Jardin Botanique

Un chaud dimanche d’été

15 OCTOBRE 2015, 
Je m’assois sur une banquette verte et brûlante et je regarde autour de moi, curieuse, comme toujours, comme chaque fois que je me retrouve au milieu des gens.
Mon attention est captée par un groupe d’enfants qui jouent et qui rêvent sûrement de recevoir en cadeau de nouveaux jeux à partager entre eux. À côté d’eux, un couple d’amoureux qui s’échange des mots doux et des promesses éternelles. L’année prochaine, ils organiseront leur mariage à l’îlet Sainte-Marie, aux Antilles françaises, et ils devront choisir attentivement la période, afin d’éviter les cyclones. Ils sont heureux, tellement heureux... Une vieille femme russe ou polonaise, avec un chapeau de paille assez rétro mais fascinant, est en train de vendre des fleurs colorées aux touristes qui passent ; elle a vraiment besoin d’argent pour son mari hospitalisé à cause d’un léger problème aux poumons. Il a respiré trop de fumée lors d’un incendie de forêt près de leur maison de campagne. L’âge ne l’a sûrement pas aidé à récupérer rapidement. Un chien abandonné cherche quelques chose à manger dans la poubelle délabrée et malodorante à côté des restaurants géorgiens où d’énormes poulets sont rôtis. Les chats sont déjà partis, déçus de n’avoir rien trouvé d’intéressant. Le soleil brille et continuera à briller.

Jardin, ph Simonetta Sandri

De loin j’aperçois un homme qui lit, la longue barbe blanche, le chapeau sur la tête. Il est complètement absorbé par son roman, par le monde dedans, très différent de celui qui est dehors, que ne lui plaît plus autant. J’aime ce monsieur, j’aime imaginer son nom, son histoire et sa vie. Il pourrait facilement s’appeler Boris, Valery ou Dmitry, comme un grand nombre d’hommes russes. Boris, pour moi. Seulement et précieusement Boris.

Fleurs, ph Simonetta Sandri

Boris est né à Moscou il y a 62 ans. Déjà. Son père était russe, sa mère hollandaise. Il a toujours aimé lire, depuis son enfance quand sa grand-mère lui avait acheté Le Petit Prince, en version bilingue, russe-hollandais. Une édition très rare, découverte comme un miracle, dans un marché aux puces parisien pendant un voyage avec le mari écrivain. Depuis, sa grand-mère lui avait acheté beaucoup de livres, car elle avait compris la grande passion de son neveu pour la littérature. Boris avait alors choisi de s’inscrire à l’Université Lomonosov de Moscou, qui, avec ses étudiants célèbres comme Tchékhov, avait été pour lui le rêve accompli. Lire, écrire, étudier la philosophie, l’histoire et la littérature était devenu la vie quotidienne et naturelle de Boris. Sa curiosité grandissait avec les années et les discussions qu’il partageait avec ses amis. Ensuite, à l’âge de 26 ans, il avait décidé d’aller étudier à Cuba. De cette expérience, aujourd’hui, il ne garde pas seulement les souvenirs et sa femme (il aurait épousé une cubaine) mais aussi la barbe. Les écrits d’Ernesto Che Guevara auraient été l’inspiration de la pureté de sa conduite de vie, toujours à l’écoute et à la disposition de l’autre. Ses trois enfants auraient appris le respect, la discipline, la richesse dans la pauvreté, la fatigue, le sacrifice, l’amour. Oui, car l’amour était, et il l’est encore, l’ingrédient principal de la maison de Boris. L’amour immense pour son épouse Frida, ses enfants Vlad, Ivan et Igor, ses animaux (le chat Romeo, le chien Taras et le canari Pio), sa famille, ses amis, la littérature, la vie.

Moscou, Jardin Botanique, ph Simonetta Sandri

Boris lit doucement et lentement son roman, attentif, dans ce beau parc de Moscou, absolument insouciant du fait (ou ignorant parfaitement ?) que je suis en train d’imaginer sa vie, serein, seul avec ses pensées et les rêves légers et parfumés sortant de ses pages. Alors je prends un beau rêve qui s’échappe de ces pages et je le garde pour moi, en le remerciant avec un sourire.


Simonetta Sandri
Je suis née dans une petite province italienne de la région Emilia-Romagna, Ferrara, où j’ai suivi les études principales. J’ai obtenu ici la maîtrise en droit et ensuite j’ai fréquenté l’Université de Padoue et de Reims, jusqu’à obtenir le titre d’habilitation à l’exercice de la profession d’Avocat en Italie. Après avoir exercé cette profession pour une courte durée dans ma ville de naissance, j’ai décidé de modifier ma trajectoire de vie et j’ai déménagé à Paris, la ville Lumière, pour débuter une nouvelle phase d’expériences professionnelles et personnelles qui m’auraient profondément changée. Dans la capitale française je suis rentrée tout de suite en contact avec des groupes naissant d’intellectuels et d’écrivains qui m’ont permis d’explorer et de connaître l’univers de la littérature d’outre Alpes. A partir de ces rencontres j’aurais développé la passion pour l’écriture. Mon parcours de vie, mes rencontres et mon travail m’auraient aidé.
Embauchée, en fait, par une entreprise multinationale du secteur pétrolier, j’ai eu l’occasion de voyager et de vivre dans des lieux lointains pour des longues périodes. Beaucoup de mes textes trouvent leur origine dans mes voyages en Afrique et en Amérique du Sud. Les déserts et les forêts traversés pendant ces journées intenses et importantes de travail ont laissé une trace indélébile sur les papiers écrits par un manager qui, souvent, souhaitait être et rester un simple et curieux voyageur. En particulier, l’Algérie, le Mali, la Libye, la France, la Russie, où j’ai vécu d'une manière stable, ont représenté des importantes sources d'inspiration pour des articles publiés sur des revues italiennes et étrangères. L’histoire de mon roman, Il Francobollo dell'Avenida Flores, publié en 2011, se déroule entre la Ville de Mexico, Paris et l’Ecosse et naît dans les sombres soirées parisiennes. Les villes de ma vie, l’amour de mes rêves.
Les voyages et les gens rencontrés auraient été le barycentre de la volonté d’essayer d’écrire et de partager la beauté du monde où nous vivons. Toujours. Pour ce motif, à partir du mois de Novembre 2012, je collabore avec BioEcoGeo, une revue bimestrielle d’écologie, dans laquelle j’ai à disposition trois pages dédiées aux couleurs de la nature. A la description des lieux j’accompagne des photos, car je cultive cette passion. Aujourd’hui je suis impliquée dans la création d’un nouveau quotidien online FerraraItalia en étant partie active de la rédaction. Je collabore avec l’Ecole d’Ecriture Omero de Rome et récemment avec le journal italien à Moscou, Mosca Oggi. Un fil rouge, le mien, lie Ferrara, Rome et Moscou.
J’aime approfondir la connaissance des techniques de l’écriture, afin d’arriver à impliquer de plus en plus les lecteurs déjà affectionnés. Je le fais jour après jour.
Le monde, son art, sa nature, sa beauté, son histoire et sa culture guident mon stylo, à la recherche de mots et d’images. J’aime la vie, ses couleurs, ses surprises continues.
Mon rêve serait, un jour, de de vivre en écrivant. Chaque grande marche commence avec un pas…
La volonté de partager avec les lecteurs la beauté de l’univers reste pour moi la raison de la recherche des mots les plus adéquats pour décrire une merveille souvent indescriptible. Car, comme rappelait le Prince Miškin ne L’idiot de Dostoevskij, je pense aussi que la beauté sauvera le monde.


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